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Pas de Samba pour les travailleurs de Inbev

Inséré sur le site web de l'UITA le 09-Dec-2005

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Article publié par la CSC Alimentation et Services, Belgique (http://csc-alimentation-service.csc-en-ligne.be/)

La Belgique, pays de la bière, ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan Inbev qui occupe aujourd’hui le rang de premier brasseur mondial. Plus d’une bière sur deux consommée en Belgique sort pourtant d’une des quatre brasseries Inbev du royaume (à Jupille pour la Jupiler, Louvain pour la Stella Artois, Hoegaarden pour la Blanche et Leeuw-Saint-Pierre pour la Kriek Belle Vue).
Les patrons d’Inbev, qui ont déjà fermé d’autres sites de production depuis la fusion, estiment que la Belgique compte trop de brasseries. Ils viennent d’annoncer une restructuration, avec à la clé 232 pertes d’emplois (sur 2898) et des transferts d’activités (notamment de Hoegaarden vers Jupille).

Cette annonce n’est pas vraiment une surprise pour les syndicats. Bien que les résultats 2005 du groupe soient bons, ceux-ci craignaient effectivement depuis un certain temps les conséquences négatives de cette fusion pour le personnel et pour les syndicats. Pas mal de témoignages syndicaux venant de l’étranger vont en tout cas dans ce sens. C’est pourquoi le syndicat international de l’alimentation UITA a jugé bon de rassembler les syndicats de Inbev de par le monde. L’UITA demanda aux syndicats belges de sponsoriser une conférence mondiale sur Inbev et la CSC Alimentation et Services répondit positivement à cet appel. Investir dans la solidarité et la coopération internationales est en effet l’unique moyen pour créer un contre-pouvoir dans des entreprises multinationales comme Inbev.

Un contre-pouvoir international

La conférence eut lieu les 13 et 14 novembre à Sao Paulo au Brésil et rassembla 45 participants originaires de 17 pays. C’est surtout les témoignages des participants brésiliens qui en dirent long sur la mauvaise réputation de Ambev. L’entreprise a licencié ces dernières années 13.000 travailleurs, sans aucun accompagnement social. La sécurité sociale n’étant que peu développée au Brésil, ces travailleurs basculèrent dans la pauvreté.
La direction dirige l’entreprise comme une armée. « Nous devons gagner cette guerre », « Notre dernier champ de bataille : cet été » : tels sont les slogans martelés de toutes les manières possibles aux travailleurs. Et la flexibilité est un mot magique, autant appliqué sur les heures de travail qu’en matière de rémunération.

Un collègue brésilien accueillit la délégation belge avec un certain cynisme : « Bienvenue chez Inbev, bienvenue en enfer ». Tout semble effectivement donner à penser que pour la direction d’Inbev, la manière brésilienne de gérer l’entreprise devrait être appliquée dans toutes les entreprises du groupe. « Nous sommes désormais gérés par des gens qui ne pensent plus qu’à la rentabilité. Cela nous promet de fameux changements d’ici peu » conclut Manuel Garcia Caballero, délégué CSC à la brasserie de Jupille qui a participé à cette conférence.

Attitude anti-syndicale

Les participants témoignèrent également de leur solidarité avec Bozo Perovic. Ce dirigeant syndical du Montenegro fut licencié par Inbev. La direction négligea le jugement de la Cour de Travail monténégrine de le réintégrer. Il est ainsi devenu malgré lui le symbole du comportement anti-syndical que Inbev adopte parfois.

La conférence a également donné lieu à un échange d’informations sur les études et les restructurations qui sont opérées dans le monde. Les différentes entreprises et services sont très attentivement comparés les uns avec les autres et sont mis en compétition. Les délégations d’entreprises doivent donc mieux collaborer au-delà des frontières. Cette rencontre a amorcé le mouvement : des décisions ont été prises pour mieux coordonner l’approche syndicale au niveau mondial. Des informations pourront être échangées par le biais d’un site internet spécifique et des actions de solidarité seront mises au point.

Enfin, la conférence a déjà fourni un premier résultat : les syndicats des nombreuses brasseries Inbev disséminées sur le territoire brésilien ont réussi à ériger un comité de concertation national. Une bonne façon de commencer à s’attaquer aux disparités et tenter de créer un dialogue avec la direction...