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UITA
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Le gouvernement indonésien ignore les menaces de violence à l’endroit de l’UITA

Inséré sur le site web de l'UITA le 21-Dec-2005

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Le gouvernement indonésien a informé l’UITA qu’il n’interviendrait pas pour mettre un terme aux pratiques antisyndicales des employeurs privés et publics du secteur du sucre, qui agissent en collusion avec les syndicats fantoches de l’ère Suharto et des fonctionnaires du gouvernement. Il a également fait savoir directement qu’il ne considérait pas que les appels publics à la violence contre les membres de l’UITA en Indonésie justifient une intervention du gouvernement – ouvrant ainsi la voie à la commission éventuelle d’actes de violence en toute impunité. Des pressions internationales doivent donc être faites de toute urgence sur le gouvernement.

Depuis sa fondation à titre de fédération indépendante des travailleurs/euses des plantations et des sucreries en février 2005, la FSPM TG, affiliée à l’UITA, a constamment fait l’objet de harcèlement et de répression (cliqué ici pour un historique complet).

En mars, le président de la FSPM TG, Daud Sukamto a été suspendu de son poste à la plantation Gunung Madu de Central Lampung, Sumatra, le plus important complexe de production et de raffinage de la cane à sucre en Indonésie. Gunung Madu appartient à hauteur de 45% au Kuok Investment Group de Hong Kong, propriété de Robert Kuok; le reste des actions est détenu par deux sociétés contrôlées par la famille Suharto et ses alliés. En juin, Sukamto a été officiellement licencié – avec la bénédiction des fonctionnaires locaux du ministère du Travail. L’instance provinciale d’arbitrage, le P4D, a statué que l’affiliation du syndicat local à l’UITA et les appels lancé aux membres afin qu’ils rejettent l’offre présentée par la direction en janvier constituaient une « inconduite grossière ».


Elu à la présidence de la fédération indépendante des travailleurs/euses du sucre FSPM TG en février, Daud Sukamto a été congédié de son emploi dans une raffinerie de sucre en mars.

Dans les semaines qui ont suivi le lancement de la fédération, la direction et les syndicats fantoches de l’important complexe de production et de raffinage Numéro 10 de Java, propriété de l’État (PTPN), a fait pression sur tous les syndicats locaux afin qu’ils résilient leur affiliation à la FSPM TG. Les travailleurs/euses de la raffinerie PTPN X ont dû lentement reconstituer leurs sections locales et renouveler leur adhésion à la fédération, un long processus qui les a empêché de représenter les travailleurs/euses dans les négociations collectives alors en cours.

Le 5 octobre, le ministre du Travail de l’Indonésie, cédant aux pressions des syndicats fantoches et de la direction, informait le secrétaire général Legimin de la FSPM TG que l’organisation devrait déposer une nouvelle demande d’agrément (une proposition totalement arbitraire et illégale) afin d’être reconnue légalement. Il a également ordonné au secrétaire général de « retirer immédiatement » la plainte déposée par l’UITA contre le gouvernement de l’Indonésie en raison de la complicité du gouvernement dans les mesures visant à écraser le syndicat! Le syndicat a accepté, pour des raisons pragmatiques, de déposer une nouvelle demande d’accréditation tout en contestant la mesure bureaucratique devant l’OIT, contestation qui vient étoffer la plainte de l’UITA contre le gouvernement de l’Indonésie pour violations du droit de la fédération de recruter des membres et de négocier avec les employeurs.

Le gouvernement a jusqu’à présent refusé d’intervenir et de renverser le congédiement illégal de Daud Sukamto ainsi que les mesures antisyndicales qui ont largement cours à PTPN X. Le gouvernement refuse maintenant de répondre aux menaces publiques croissantes contre les dirigeants/tes de la FSPM TG et Hemasari Dharmabumi, représentante de l’UITA en Indonésie.

Le 27 septembre, un soi-disant « Forum de solidarité pan-indonésien des syndicats des raffineries de sucre » prétendant représenter la totalité des raffineries du système PTPN, propriété de l’État, ainsi que des raffineries privées (y compris le complexe de plantation et de raffinage Gunung Madu, le plus important d’Indonésie, dont la direction a en mars dernier congédié le président nouvellement élu de la FSPM TG, Daud Sukamto), a publié un « Énoncé de position ». Le document condamne les actions « provocatrices et malhonnêtes » de l’UITA, qui aurait « détourné a direction d’autres organisations syndicales » et « discrédité le gouvernement et les syndicats de l’Indonésie via Internet », et « rappelle fortement à l’UITA de ne pas s’ingérer dans le fonctionnement interne du mouvement syndical en Indonésie ». La déclaration est signée par les présidents des syndicats SP BUN dans es établissements PTPN IX, X, XI et XII, le président du syndicat SP BUN du Bureau de commercialisation de PTPN, par le président de FSPP SPSI et d’autres personnes.

Le 30 septembre, le président général de SP-BUN PTPN IX, Djoko Moeridno, signataire de la déclaration du 27 septembre, a publié un « énoncé de position » signé de sa main dans lequel il accuse nommément Hemasari et le secrétaire général Legimin de la FSPM TG d’infractions à des lois non précisées. La déclaration affirme la volonté de SP BUN PTPN IX « de se sacrifier corps et âme pour s’opposer à l’intervention de parties étrangères visant la destruction » des travailleurs/euses de l’Indonésie et menaçant de prendre des « MESURES PHYSIQUES » contre Hemasari et Legimin n’ils ne mettent pas fin à leur travail de syndicalisation. Les menaces ont été diffusées dans les raffineries de sucre de PTPN dans les provinces de Java-Est et de Java-Centre – et transmises au ministre du Travail.

Depuis le 17 octobre, le secrétaire général de la FSPM TG Legimin est suivi par deux inconnus, installés dans une automobile devant la chambre qu’il loue à Surabaya.

Informé de la situation par l’UITA, le directeur général de l’OIT a écrit au ministre du Travail de l’Indonésie le 26 octobre pour lui dire que ces menaces, ainsi que le défaut par le gouvernement de répondre aux demandes d’intervention faites par la FSPM TG et l’UITA « constituent de très graves atteintes à la liberté syndicale, puisque les droits des organisations de représentation des travailleurs/euses ne peuvent être exercés que dans un climat libre de violence, de pressions ou de menaces de quelque sorte à l’endroit des dirigeants/tes et des membres de ces organisations ».

Le gouvernement n’a pas répondu à ces menaces en les traitant comme des infractions criminelles, et n’a pas non plus garanti la protection des syndicalistes menacés, comme l’exigeait l’UITA.

À l’occasion d’une rencontre tenue le 14 novembre à Genève avec le secrétaire général et le directeur des communications de l’UITA, trois représentants du ministère du Travail ont indiqué clairement qu’ils ne considéraient pas qu’un appel public à la violence signé et lancé par écrit sur papier à en-tête d’une organisation syndicale justifiait la tenue d’une enquête criminelle ou toute autre intervention des autorités.

Ils ont plutôt produit une communication en anglais ne portant pas de numéro de référence, de date ou de signature et prétendu qu’il s’agissait d’une lettre adressée par le ministre du Travail au président Sukamto de la FSPM TG. Interrogé sur la date de l’envoi de cette lettre, les trois représentants du ministère, après s’être consultés, ont indiqué qu’elle avait été envoyée le 1er novembre. La mention « octobre 2005 » a alors été rayée et remplacée par le 1er novembre. La FSPM TG nous a indiqué qu’aucun dirigeant de la fédération n’a reçu cette lettre.

La lettre affirme que « l’enquête effectuée le 25 août 2005 » avait permis d’établir qu’il n’y avait aucune « limitation » de la liberté syndicale à la plantation Gunung Madu de PT à Lampung ou à la raffinerie PTPN de Kediri, Java Est – puisque Daud Sukamto était toujours président de la fédération – alors qu’il avait été licencié en raison de ses activités syndicales! La lettre se terminait en indiquant de façon totalement fausse que le secrétaire général Legimin de la FSPM « était disposé à annulé la lettre de plainte adressée au Comité de la liberté syndicale de l’OIT, à Genève » dès que e syndicat obtiendrait son numéro d’accréditation. Or, Legimin n’a jamais fait une telle affirmation, et il ne le pourrait pas, puisque c’est l’UITA qui a déposé la plainte auprès de l’OIT, ce que les fonctionnaires du ministère du Travail savent parfaitement. Le syndicat a accepté de présenter une nouvelle demande d’accréditation – sous protêt – afin d’avoir un obstacle de moins à son fonctionnement normal, mais n’en poursuit pas moins sa contestation de la procédure illégale et des autres pratiques antisyndicales par le biais de la plainte de l’OIT devant le Comité de la liberté syndicale de l’OIT.

Au lieu d’aborder les graves violations des droits syndicaux survenues depuis la fondation de la fédération des travailleurs/euses du sucre, le gouvernement nie, se cache et présente de faux documents dont l’amateurisme serait risible si la situation n’était pas si grave.

Les menaces publiques de violence à l’encontre des syndicalistes en Indonésie doivent être prises extrêmement au sérieux compte tenu du fait que les militants/tes des droits humains continuent d’être assassinés/es dans ce pays. Aussi récemment qu’en septembre 2004, Munir, le militant des droits humains le plus connu du pays, a été assassiné à bord d’un vol de Garuda (le transporteur aérien national de l’Indonésie) par des agents de sécurité se faisant passer pour des membres de l’équipage.

À la suite d’un remaniement ministériel survenu le 6 décembre, un nouveau ministre du Travail a été nommé, M. Erman Suparno. Le nouveau ministre du Travail doit réagir aux menaces de violence proférées contre l’UITA et la FSPM TG en les condamnant publiquement, en prenant les mesures appropriées contre les auteurs des menaces et en lançant une enquête complète. Le gouvernement doit en outre prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et le bien-être du secrétaire général Legimin de la FSPM et de Hemasari Dharmabumi, dont nous tenons le gouvernement de l’Indonésie responsable. Par ailleurs, le ministre du Travail doit démontrer que l’Indonésie entend s’acquitter de ses obligations internationales en faisant en sorte que Daud Sukamto soit réintégré dans son poste, avec plein salaire depuis son licenciement, qu’in soit immédiatement mis fin au harcèlement à l’endroit de la FSPM TG et qu’il soit permis au syndicat de fonctionner librement.

Vous pouvez appuyer la lutte des travailleurs/euses du sucre en faveur des droits syndicaux en appelant le gouvernement de l’Indonésie à agir immédiatement afin de :

  • Répondre aux appels publics à la violence contre les dirigeants/tes de la FSPM TG en les traitant comme des actes criminels et en accordant une protection pleine et entière aux syndicalistes menacés

  • Réintégrer Daud Sukamto dans son poste à la Gunung Madu
    Plantation!

  • Mette fin à toute forme de harcèlement à l’endroit de la FSPM TG à PTPN X

  • Respecter le droit démocratique de tous/tes les travailleurs/euses indonésiens/nnes d’adhérer au syndicat de leur choix et de négocier collectivement sans intimidation!

Cliquez ici pour envoyer un message à la présidente de l’Indonésie, au ministre du Travail, au ministre des sociétés d’État et au directeur général de la plantation Gunung Madu. Des copies de votre message seront automatiquement envoyées à la fédération des travailleurs/euses du sucre et au secrétariat de l’UITA.

Nous vous remercions à l’avance de votre solidarité et de votre soutien.