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Justice pour les travailleurs/euses de l’huile de palme en Indonésie – Libérez les six de Musim Mas!

Inséré sur le site web de l'UITA le 25-Jan-2006

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Robin Kimbi, président de l’organisation syndicale KAHUTINDO PT Musim Mas, dans une cellule du tribunal de Bangkinang avant son transfert de retour à la prison de Bangkinang Prison, où lui et quatre autres dirigeants syndicaux sont détenus depuis le 15 septembre et un sixième depuis le 18 octobre.

L’UITA lance un appel à l’action d’urgence en réponse à de graves violations des droits syndicaux dans l’énorme complexe de plantations et de raffinage d’huile de palme PT Musim Mas à Pelalawan, province de Riau à Sumatra, propriété du groupe Musim Mas.

Les travailleurs/euses de PT Musim Mas à Pelalawan ont d’abord formé un syndicat en octobre 2004. L’effectif est rapidement passé de 150 à 1183 membres parmi les 2 000 travailleurs/euses que compte l’établissement (dont 300 travailleurs/euses contractuels/lles). Leur syndicat, KAHUTINDO PT Musim Mas est le seul syndicat des travailleurs/euses de l’huile de palme au sein de la fédération de la foresterie et du bois SP KAHUTINDO. Au plan international, SP KAHUTINDO est affiliée à BWI (Building and Wood Workers International), avec qui l’UITA travaille afin de s’opposer à la répression massive employée dans le but d’écraser la lutte des travailleurs/euses de l’huile de palme pour exercer leurs droits fondamentaux.

Musim Mas, dont le siège social est situé à Medan, exploite le plus grand complexe de raffinage d’huile de palme au monde, traitant, en plus de sa propre production, celle d’autres producteurs indonésiens. Musim Mas compte pour près de 20 pour cent des exportations totales d’huile de palme d’Indonésie. Les produits raffinés de Musim Mas sont présents dans la quasi-totalité des chaînes de production des grandes STN de produits agroalimentaires et de consommation.

Musim Mas est un membre éminent de la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO), l’organisme qui « fait la promotion de la production et de l’utilisation durables de l’huile de palme par la coopération au sein de la chaîne alimentaire et un dialogue ouvert avec ses intervenants ». Les grandes STN de la production et du commerce des produits de base et de l’alimentation ainsi que certains détaillants comptent parmi les « intervenants » de ce projet, dont le président du Conseil exécutif et le coordonnateur du programme « d’agriculture durable » de Unilever. Un certain nombre de groupes environnementaux et d’action sociale/développement bien connus sont également membres du RSPO.

Depuis qu’il a obtenu sa reconnaissance officielle en décembre 2004, le syndicat s’est efforcé de négocier la mise en place des normes minimales garanties aux travailleurs/euses indonésiens/nnes en vertu des lois nationales et la fin de l’exploitation éhontée des travailleurs/euses des plantations. La société a refusé de négocier. Lorsque le syndicat à de nouveau présenté ses doléances à la direction de Musim Mas et au bureau local du ministère du Travail en février 2005, quatre dirigeants syndicaux ont été licenciés, dont le président du syndicat, Robin Kimbi, alors que cinq autres ont été forcés de démissionner. Les autorités locales et le Comité central de règlement des conflits de travail (P4P), un organisme provincial « tripartite », ont approuvé sans commentaires les congédiements, comme ils l’ont toujours fait.

D’autres appels à la négociation et de courtes grèves ne sont pas parvenus à inciter la direction à entreprendre des négociations sur l’application des normes minimales du travail. La seule réponse de la société a été l’établissement d’un syndicat fantoche et l’émission de fausses cartes de membres, certaines portant le nom de membres de KAHUTINDO PT Musim Mas, une manœuvre que les membres du syndicat ont publiquement dénoncée.

Le 8 septembre 2005, le syndicat a de nouveau présenté ses demandes à la direction (réintégration du président du syndicat licencié, Robin Kimbi, application des normes minimales du travail, traitement équitable pour les travailleurs/euses contractuels/lles) et annoncé son intention de déclencher une grève si ses demandes n’étaient pas satisfaites avant le 20 septembre. Lorsque la société a refusé de négocier et plutôt pris entente avec les autorités locales afin de recruter de nouveaux travailleurs/euses pour remplacer les membres du syndicat, celui-ci a avancé la grève au 13 septembre. Au matin du déclenchement de la grève, le 13 septembre, trois camions ont fait entrer plus d’une centaine de travailleurs/euses de remplacement à la plantation et à la raffinerie dans une manifestation claire de la direction de briser le syndicat.

Le 14 septembre, un camion de la société a été lancé à travers la ligne de piquetage, blessant deux travailleurs, qui ont dû être hospitalisés. Mis/es en colère et profondément frustrés/es par cette réponse agressive de la direction et la collusion manifeste entre PT Musim Mas et les autorités locales, des douzaines de membres du syndicat ont agi spontanément en jetant bas la barrière de l’usine afin de protester contre le refus de la direction d'au moins accuser réception des demandes du syndicat. Utilisant ces dommages à la propriété comme excuse pour réprimer la grève et briser le syndicat, la police a arrêté six dirigeants syndicaux.

Le 22 septembre, alors que les six dirigeants syndicaux étaient toujours détenus à la prison de Bangkinang, la direction de PT Musim Mas, avec la collusion des autorités locales, congédiait 701 membres du syndicat. Le 26 décembre, la direction faisait appel à des policiers et des soldats lourdement armés afin de les évincer par la force, avec plus de mille membres de leurs familles, des logements de la plantation. Les enfants des travailleurs/euses expulsés ont été publiquement humiliés et expulsés des écoles de la plantation.

Les six syndicalistes sont passibles de peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans et six mois. La poursuite a terminé sa preuve et la défense a pris la parole le 17 janvier. La décision devrait être rendue à la mi-février. Compte tenu de la corruption endémique notoire du système de justice indonésien, nous prévoyons que le dossier sera porté devant la cour d’appel provinciale et peut-être même devant la Cour suprême de l’Indonésie. Nous tiendrons les affiliées informées de l’évolution du dossier par des circulaires et des articles sur le site Web de l’UITA.

Comme première étape d’une campagne mondiale de soutien au syndicat, dont les membres continuent de manifester quotidiennement leur appui aux dirigeants syndicaux emprisonnés, nous demandons votre assistance immédiate afin de faire pression sur la société. Veuillez faire parvenir un message de protestation à la société en cliquant ici. Des copies de votre message seront automatiquement transmises au secrétariat de la Table ronde pour une huile de palme durable et à l’UITA. Nous transmettrons tous les messages reçus au syndicat.

Nous vous remercions à l’avance de votre solidarité et de votre soutien.