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UITA
Unit les travailleurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de l'hôtellerie du monde entier


Brésil : le

Inséré sur le site web de l'UITA le 27-May-2008

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Le 14e Grito da Terra (Cri de la Terre) organisé par l’affiliée brésilienne de l’UITA CONTAG a mobilisé plusieurs milliers de travailleurs/euses ruraux/ales entre le 12 et le 16 mai, culminant avec la présence de 10 000 travailleurs/euses ruraux/ales à Brasilia les 13 et 14 mai. Le vice-président de CONTAG Alberto Broch, dans un article rédigé pour l’UITA Amérique latine, décrit les résultats du Grito da Terra 2008.

L’importance du Grito de cette année transcende les intérêts de la classe ouvrière rurale et concerne l’ensemble du pays. Il représente 14 années de lutte et de négociations, dans une mobilisation impliquant des centaines de milliers de familles rurales. Il s’agit d’un nouveau pas en avant dans le processus d’obtention de gains dans les politiques applicables aux travailleurs/euses ruraux/rales.

Le Grito de cette année a une signification spéciale, parce qu’il se tient à un moment où le monde est engagé dans un débat sur l’agriculture, la production alimentaire, le modèle de développement et la restructuration du secteur industriel. L’un des enjeux les plus importants qui nous sont proposés tient à la nécessité d’analyser le modèle de développement que nous voulons pour notre pays. Il s’agit d’un modèle fondé sur l’agriculture familiale et qui rejette le système de grandes exploitations agricoles, orientées exclusivement sur l’exportation. Nous dénonçons l’esclavage, la violence et l’impunité qui sont les fléaux du monde rural au Brésil.

Il a aussi une signification spéciale parce que la mobilisation a réuni plus de dix mille travailleurs/euses ruraux dans ce qui a été l’un des Gritos da Terra les plus fréquentés. Le Grito da Terra de cette année a abordé un large éventail de problèmes et a ouvert un dialogue avec la société et les 4 000 syndicats et plus qui forment CONTAG, dans le cadre du processus de discussion interne visant à consolider la plateforme qui sera présentée au président Lula.



Une plateforme comportant plus de cent éléments intéressant vingt ministères a été présentée au Président de la république. Les demandes couvrent des enjeux allant autant de la politique agricole en général qu’aux politiques sectorielles sur l’agriculture familiale, les travailleurs/euses ruraux/ales, les aspects sociaux comme la santé et la sécurité sociale, les questions environnementales, la réforme agraire, la souveraineté alimentaire et l’accès aux ressources naturelles du pays. Nous avons fortement insisté sur la nécessité de tenir un débat sur l’expansion de la culture de la cane à sucre pour la production d’éthanol, ainsi que sur la promotion de plusieurs projets de loi importants qui font actuellement l’objet de débats au Congrès et qui concernent l’agriculture familiale et le développement durable.

Au cours de l’année écoulée, nous avons dû surmonter des passages difficiles dans notre lutte, des moments extrêmement tendus lors desquels nous avons parfois même été à deux doigts d’occuper les bureaux des institutions chargées de la rédaction des politiques agraires.



Le Président de la république et plusieurs de ses ministres ont finalement accepté de nous rencontrer, et ces rencontres ont été couronnées de succès, puisqu’ils ont répondu favorablement à plusieurs de nos demandes.

Nous avons obtenu une augmentation importante des ressources attribuées par le gouvernement au Programme national de soutien à l’agriculture familiale (PRONAF), plus de fonds pour l’assistance technique, ainsi qu'une augmentation de près du double du budget de notre nouveau programme de commercialisation de l’agriculture familiale. Pour la toute première fois, nous avons obtenu du Président un engagement de modifier dans l’année les indices de productivité des terres pouvant potentiellement faire l’objet d’une expropriation en vue de la réforme agraire, nous avons obtenu des améliorations sur les points touchant les femmes et les jeunes, et les représentants du gouvernement au Sénat se sont engagés à approuver les mesures provisoires sur la retraite des travailleurs/euses agricoles.

Tout ceci nous permet de croire que nous avons été victorieux dans ce Grito da Terra Brazil 2008. Nous n’avons pas tout réglé, nous sommes encore confrontés/es à certains problèmes et à certaines menaces; nous devons poursuivre la lutte pour un modèle de développement différent, pour la définition d’un cadre réglementaire pour le secteur agroindustriel et les cultures uniques comme la cane à sucre, ainsi que pour la réglementation de la propriété étrangère des terres.

Nous avons obtenu ces gains en raison de la capacité de lutte et de mobilisation de nos gens, de nos activistes de la base, et grâce à notre unité et à notre organisation, particulièrement au sein de CONTAG.