IUF logo; clicking here returns you to the home page.
IUL



Défendez les droits syndicaux – appel à la solidarité mondiale en faveur des travailleurs/euses du sucre en Indonésie!

17-Oct-2005





Le gouvernement de l’Indonésie, les employeurs publics et privés du secteur du sucre et les syndicats fantoches de l’ère Suharto font front commun afin d’empêcher les organisations syndicales indépendantes d’agir efficacement dans l’important secteur du sucre dans ce pays. La FSPM TG, affiliée de l’UITA fondée en février 2005 par organisations syndicales locales de raffineries, de plantations et de distilleries publiques et privées, fait l’objet d’une campagne antisyndicale concertée. L’organisation se défend, mais a besoin d’un soutien international.

Lors de la convention de fondation de la FSPM TG en février, Daud Sukamto a été élu président. Le 14 mars, Daud – qui avait annoncé à la convention que son organisation quitterait le SPSI (syndicat de l’ère Suharto) afin d’assurer son indépendance – a été suspendu de son poste de représentant syndical par les instances régionales du SPSI. Une semaine plus tard, il était suspendu de son emploi à la plantation Gunung Madu de Central Lampung, à Sumatra, le plus important complexe de culture et de raffinage de sucre d’Indonésie, qui emploie près de 13000 travailleurs/euses en haute saison. Gunung Madu appartient à hauteur de 45% au Kuok Investment Group de Hong Kong, propriété de Robert Kuok; le reste des actions est détenu par deux sociétés contrôlées par la famille Suharto et ses alliés. Le congédiement de Daud est un exemple classique de la collusion entre les employeurs, les syndicats fantoches et le gouvernement en Indonésie.


Elu à la présidence de la fédération indépendante des travailleurs/euses du sucre FSPM TG en février, Daud Sukamto a été congédié de son emploi dans une raffinerie de sucre en mars.

Le soutien du gouvernement est nécessaire pour mettre en oeuvre des mesures antisyndicales en Indonésie, puisque les employeurs doivent demander l’autorisation de licencier des travailleurs/euses. La direction de la plantation Gunung Madu souhaitait licencier Daud afin d’affaiblir le syndicat; le SPSI souhaitait son licenciement parce qu’un syndicat indépendant priverait l’organisation de son rôle de garde-chiourme de la discipline des travailleurs/euses. Le gouvernement, pour sa part, voulait que Daud soit licencié parce qu’il craint l’indépendance syndicale et parce que le gouvernement de l’Indonésie est lui-même propriétaire d’un certain nombre de plantations et de raffineries de sucre qui font partie du complexe agricole PTPN.

Le licenciement de Daud a été confirmé le 21 juin par une décision du P4D de Lampung, l’organisation "tripartite" de règlement des différends, au sein duquel les représentants des syndicats fantoches sont seuls à "représenter" les travailleurs/euses. Le P4D a statué que Daud devait être licencié, avec prise d’effet à la fin juin, pour avoir fait preuve de "grossière inconduite" en recommandant en janvier le rejet de la proposition d’augmentation de salaire biannuelle présentée par la direction. Le P4D n’a pas tenu compte, dans sa décision, d’un jugement de la Cour constitutionnelle du pays stipulant que la loi permettant le licenciement pour ce motif était inconstitutionnelle et devait être modifiée. Il n’a pas non plus tenu compte des témoignages de travailleurs/euses disant que les travailleurs/euses de la plantation avaient rejeté la proposition de manière quasi-unanime, la jugeant inadéquate, et n’avaient pas eu besoin de "l’aide" du syndicat pour en arriver à cette conclusion, non plus que du fait que le syndicat, sous la pression des forces de sécurité privées de la plantation, avait rapidement retiré sa recommandation de rejeter la proposition. Le P4D a également ignoré une déclaration faite plus tôt au FSPM disant que les accusations de "grossière inconduite" ne relevaient pas de lui et que l’employeur ne pouvait les déposer que devant un tribunal pénal. Le P4D a également accepté les allégations de l’employeur affirmant que les rapports de Daud avec l’UITA constituaient une preuve de plus de sa "grossière inconduite" et accepté le licenciement, comme il l’a toujours fait dans le passé.

Jamais une décision du P4D de licencier des travailleurs/euses à la demande d’un employeur n’a été renversée en appel.

Le harcèlement s’est poursuivi, la direction et le syndicat fantoche faisant pression sur les organisations syndicales locales afin qu’elles renoncent à leur adhésion à la fédération FSPM TG. Les travailleurs/euses de la sucrerie PTPN X ont reconstitué leurs sections locales au sein de la fédération, de sorte que le ministère local du Travail tente maintenant de faire invalider le statut juridique de la fédération en contestant l’agrément qui lui a été accordé en février dernier par les autorités. Bien que la fédération ait demandé et reçu à ce moment la pleine reconnaissance à titre d’organisation syndicale dûment constituée et satisfaisant à toutes les exigences légales, le bureau du Travail local, en collusion avec les syndicats fantoches, prétend aujourd’hui que l’agrément de la fédération a été "reporté" - ce qui signifie par exemple qu’elle ne peut s’engager dans le processus de négociation collective avec les employeurs.

Le 5 octobre, le ministre du Travail de l’Indonésie, en réponse à une plainte de la Fédération disant que le "report" rétroactif de son statut juridique constituait une violation de la loi, ignorait délibérément le fait que la fédération avait déjà été dûment agréée et informait le secrétaire général Legimin de la FSPM TG que l’organisation devrait déposer une nouvelle demande d’agrément (une proposition totalement arbitraire et illégale) afin d’être reconnue légalement. Il a également ordonné au secrétaire général de "retirer immédiatement" la plainte déposée par l’UITA contre le gouvernement de l’Indonésie en raison de la complicité du gouvernement dans les mesures visant à écraser le syndicat!

L’organisation syndicale conteste l’attitude du gouvernement sur la question de l’agrément et l’UITA a fait parvenir la lettre du 5 octobre du ministre du Travail à l’OIT afin qu’elle soit ajoutée au dossier. Le mécanisme de l’OIT est lent. La fédération reprendra ses actions de protestations à Jakarta à la mi-novembre, après la saison de concassage. Elle ne pourra cependant représenter ses milliers de membres à la table de négociation tant que les pressions de la direction et le harcèlement juridique n’auront pas pris fin. Par ailleurs, le syndicat et ses membres restent fermes dans leur exigence de réintégration de leur président, congédié illégalement.


Les membres de la FSPM TG ont manifesté en août devant les bureaux de Jakarta des plantations Gunung Madu Plantation, le plus important complexe de culture et de raffinage de canne à sucre d’Indonésie. Des membres de la fédération des travailleurs/euses de l’hôtellerie et du tourisme, affiliée à l’UITA, se sont joints à la manifestation, qui a également reçu l’appui d’affiliées de l’UITA en Australie, au Canada, à Hong Kong, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis.

Les travailleurs/euses du sucre de l’Indonésie souhaitent se donner des organisations syndicales indépendantes et démocratiques et en ont besoin afin de défendre leurs intérêts et assurer l’avenir de leur industrie. À Java seulement, plus de deux millions de personnes dépendent du sucre. La lutte des travailleurs/euses du sucre pour la défense de leurs droits est à une étape cruciale et le soutien international est requis de toute urgence.

Vous pouvez exprimer votre appui à leur cause en demandant au gouvernement indonésien d’agir immédiatement pour

  • La réintégration de Daud Sukamto dans son poste à la Plantation Gunung Madu!

  • L'arrêt immédiat de toute forme de harcèlement envers la FSPM TG et la reconnaissance immédiate de son statut juridique d’organisation syndicale agréée!

  • Le respect du droit démocratique de tous/tes les travailleurs/euses de l’Indonésie d’adhérer à l’organisation syndicale de leur choix et de mener des négociations collectives sans subir d’intimidation!


Cliquez ici pour faire parvenir un message à la présidente de l’Indonésie, au ministre du Travail, au ministre responsable des Entreprises d’État et au directeur général des plantations Gunung Madu. Une copie de votre message sera automatiquement envoyée à la fédération des travailleurs/euses du sucre et au secrétariat de l’UITA.

Nous vous remercions à l’avance de votre solidarité et de votre soutien.