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Précarité au cube : les couches d’emploi précaire sous les biscuits et gaufrettes Oreo de Kraft

15.07.11 News
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Alors que Kraft Foods fait une entrée en force sur le marché indien, les fameux biscuits et gaufrettes Oreo sont produits avec trois couches d’emploi précaire : production en sous-traitance (ou par des tiers); travailleurs/euses à statut précaire; et absence de contrats d’emploi…

Dans le passé, les biscuits Oreo et les gaufrettes étaient importés en Inde, où ils étaient vendus Rs.50 [USD 1,11; 0,78 €] pour 14 biscuits. Maintenant produits localement, les biscuits Oreo ont été relancés sur le marché à moins de la moitié de ce prix: Rs.20 [USD 0,45; 0,31 €] pour 14 biscuits et en parquets plus petits (Rs.5 pour trois biscuits; Rs.10 pour sept) afin de faire concurrence aux marques locales. Après l’acquisition de Cadbury, la distribution des marques Oreo a été confiée à Cadbury India. Pour Kraft Foods, Oreo est maintenant une marque majeure en Inde, avec une part de marché en augmentation rapide.

Derrière cette croissance se cache le fait que Kraft Foods n’a pas d’installations de production en Inde. (Seules les cinq usines de Cadbury India acquises dans le cadre de la prise de contrôle de l’an dernier appartiennent à la société.) Les gaufrettes Oreo sont produites grâce à trois couches de travail précaire : production en sous-traitance (ou par des tiers); travailleurs/euses à statut précaire; et absence de contrats d’emploi.

À l’usine Bector Food Specialties à Phillore-Ludhiana dans l’état du Punjab dans le nord du pays, 720 travailleurs/euses produisent les biscuits Oreo de Kraft Foods. Parmi ces 720 travailleurs/euses, 625 (500 femmes et 125 hommes) sont des travailleurs/euses à statut précaire en emploi direct, 60 sont des contractuels/lles et 35 seulement ont un statut de permanence – cinq pour cent à peine!

Averti verbalement par un superviseur de ne plus se présenter au travail, un travailleur à statut précaire « licencié » discute avec Rajwant Singh (à droite), responsable de groupe du Punjab State Food Workers’ Unions Forum, appuyé par l’UITA. L’identité du travailleur à statut précaire (au centre) toujours employé par Bector Foods est cachée afin d’éviter des conséquences négatives.

Les 625 travailleurs/euses à statut précaire n’ont pas de contrats d’emploi et effectuent des quarts de travail d’un minimum de 12 heures (l’usine, qui fonctionne 24 heures par jour et sept jours par semaines, n’a que deux quarts de travail). Les travailleurs/euses reçoivent en moyenne Rs 3 200 par mois [USD 71,40 ou 49,80 €), ce qui est 17 % sous le salaire minimum de l’état du Punjab*. La production en sous-traitance avec 95 % de travailleurs/euses à statut précaire et des salaires sous le minimum légal expliquent probablement pourquoi les biscuits et les gaufrettes Oreo peuvent être vendus à 40 % du prix des produits importés et pourquoi la société peut vendre trois biscuits pour Rs. 5 (USD 0,11 ou 0,08 €).

Bector Foods pratique une flexibilité extrême de la main-d’œuvre, disposant des travailleurs/euses à volonté. Sans contrats, les travailleurs/euses ne peuvent jamais faire valoir leur droit à un emploi permanent (en vertu de la loi, occuper un emploi de façon continue pendant 240 jours donne automatiquement droit à un poste permanent). Plus important encore, Kraft Foods peut ainsi s’isoler de toutes les responsabilités d’employeur – ce qui lui permet dans les fait de tripler son « retrait de responsabilité ».

Bector Food Specialties fabrique sa propre marque de biscuits, Cremica, ainsi que des condiments et des sauces. L’entreprise compte six usines en Inde et emploie 2 500 travailleurs/euses. En plus de produire les marques de Kraft Foods, Bector approvisionne d’autres sociétés transnationales actives en Inde, comme McDonald’s.
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* Le salaire minimum de l’état est de Rs. 3 840 par mois, selon un taux quotidien de Rs. 147,73 pour 26 jours de travail.