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Prison, libération sous caution, licenciements – la criminalisation de la lutte pour un travail décent chez Nestlé Pakistan

23.11.11 story
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Plusieurs centaines de travailleurs/euses de l’usine laitière de Nestlé à Kabirwala, Pakistan, ont été licenciés/es et plusieurs dizaines ont été emprisonnés/es sur la base de chefs d’accusation forgés de toutes pièces à la suite de la tentative faite par la direction de criminaliser la lutte du syndicat en faveur d’emplois permanents pour les travailleurs/euses sous contrat. Les détails sordides de la campagne de répression de Nestlé figurent sur le site web ici.

Muhammad Babar Serwer, qui travaille à l’usine depuis 2005, nous raconte son experience.

"On nous a dit que nous étions employés par le sous-traitant, mais l’entretien d’embauche et la formation à la sécurité ont été conduits par la direction de Nestlé et l’encadrement et les attributions des tâches sont assurés par les cadres de l’usine. Nous n’avons jamais reçu de contrat écrit de la part du sous-traitant. Notre seul rapport avec lui était qu’il décidait qui se rendrait à l’usine quand nous nous présentions au travail. Le nombre de travailleurs/euses enregistrés/es auprès du sous-traitant était deux fois plus élevé que le nombre de travailleurs/euses nécessaires pour chaque quart, si bien qu’il y a avait toujours de la compétition et que la priorité était toujours donnée à la famille et aux amis du sous-traitant. Pour cette raison, je pouvais travailler 6 ou 7 jours certains mois, et parfois 16-18 jours par mois. J’habite loin de l’usine. Lorsque je n’avais pas de travail pour un quart, j’essayais d’en avoir pour le suivant ; parfois j’essayais les 3 quarts, mais n’obtenais de travail pour aucun. La direction nous renvoyait quelques fois de l’usine au milieu d’un quart si le travail était fini, ou que la commande était modifiée, de façon à ne pas nous payer la journée."

"Je vis avec ma mère, mon père, mes deux sœurs, quatre frères plus jeunes et ma grand-mère. Mon père est employé des chemins de fer, mais ne gagne pas assez pour subvenir aux besoins de toute la famille. Le sous-traitant déduit l’équivalent de 3-4 jours de travail de notre salaire. Lorsque nous l’avons interrogé sur cette déduction, nous avons été menacé de licenciement. Le manager du sous-traitant nous demande toujours un pot-de-vin pour avoir du travail à l’usine. Lorsque nous avons engagé une action en justice auprès du tribunal des prud’hommes pour que nos emplois deviennent permanents, la direction a commencé à nous menacer et nous a demandé de retirer notre requête".

« Le 24 février, je faisais le second quart (14h30-22h30). Vers 21h30, j’ai été convoqué par le surveillant et la direction m’a livré à la police. Un autre travailleur, Akram Rafiq, a également été livré à la police en même temps que moi. Plus tard, nous avons appris que la direction avait déposé une plainte forgée de toutes pièces contre trois travailleurs, dont nous deux, prétendant que nous étions entrés dans l’usine avec des armes, dont une arme à feu et un couteau. C’est ridicule – il y a des gardes de sécurité, une vidéosurveillance, des scanners et d’autres mesures de sécurité et personne ne peut entrer dans l’usine armé ».

« Nous étions venus travailler à 14h30 et la plainte a été déposée par la direction dans le courant de l’après-midi. L’enquête de police a révélé que la plainte n’avait aucun fondement et nous avons été libérés sous caution après deux jours (note : la caution s’élevait à plus de USD 500). Nous savons bien que la direction exerce ainsi des pressions pour nous obliger à abandonner notre requête devant le tribunal des prud’hommes et nous étions prêts à d’autres actes similaires de sa part. Nous avons été licenciés, puis en juin, trente trois autres travailleurs ont été licenciés. Nous avons tous engagé une action en justice devant les prud’hommes. Le 27 juillet, le tribunal a ordonné notre réintégration, mais la direction de l’usine a refusé de se conformer à cet arrêt et a continué à licencier les travailleurs, un par un ».

Halte à la Nespression !

Cliquer ici pour envoyer un message à Nestlé et demander la fin de la criminalisation des travailleurs/euses précaires qui luttent pour leurs droits.

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