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L’interdiction du produit toxique bisphénol A devrait encourager une action réglementaire plus généralisée

18.12.12 Editorial
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Le 13 décembre, le Parlement français a voté une loi prohibant le bisphénol A (BPA) dans les contenants alimentaires, dès le 1er janvier 2013 pour ceux destinés aux bébés et début 2015 pour tous les autres. Le BPA est un composant chimique très répandu et utilisé pour la fabrication des plastiques durs et des résines époxydes que l'on trouve dans les revêtements plastiques internes de la plupart des canettes et boîtes de conserve. Le bisphénol A agit comme un perturbateur endocrinien qui dérègle le système hormonal, et de plus en plus d’éléments scientifiques confirment qu’il a un effet néfaste sur le développement des foetus et des jeunes enfants, et également des adultes chez lesquels il est suspecté de favoriser le diabète, certains cancers et les maladies cardiovasculaires.

L’UE, les Etats-Unis et d’autres pays ont interdit l’utilisation du BPA dans les biberons, mais l’autorisent pour les contenants de produits alimentaires pour enfants (et d’autres). Le Japon, seul parmi les pays industrialisés, a commencé à éliminer progressivement l’utilisation du BPA pour les contenants alimentaires à partir de 1998.

Bien que les risques professionnels pour les travailleurs/euses de l’alimentation qui manipulent les emballages contenant du BPA n’aient pas été systématiquement étudiés, quelques études sectorielles font état de risques accrus pour les travailleurs/euses (notamment une incidence plus élevée du cancer du sein) dans la transformation alimentaire et les conserveries, qui sont exposés/es par inhalation (contrairement aux consommateurs des aliments qui sont exposés au BPA par ingestion).

Des millions de salariés/es du secteur du commerce de détail sont aussi massivement exposés/es au BPA qui imprègne le papier thermique utilisé pour les tickets de caisse. Le BPA migre du papier vers l'organisme par passage transcutané, et est ensuite absorbé par le sang.

Le Parlement français a adopté cette loi à la suite de rapports de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Malgré l’accumulation de preuves scientifiques sur la toxicité du BPA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (comme la FDA américaine) ont renoncé à l’interdire pour les contenants alimentaires, à l’exception des biberons. L’entrée en vigueur de la loi française devrait encourager des efforts réglementaires plus vastes pour limiter l’exposition à cette substance toxique. Elle devrait également attirer l’attention sur le nombre élevé de pesticides et de fongicides, connus pour être des perturbateurs endocriniens, et dont l’utilisation à grande échelle continue à dévaster la santé et les vies des travailleurs/euses de l’agriculture.