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Des normes internationales sont nécessaires pour mettre fin aux violences à l’encontre des femmes

05.03.15 Editorial
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Les attaques contre la dignité et la sécurité des femmes au travail et dans la société en général sont fréquentes et ne cessent de croître. Rares sont les gouvernement ou les employeurs prêts à prendre les mesures adéquates pour y mettre fin. Il est donc urgent que les syndicats soutiennent activement l’appel du Rapporteur spécial des Nations unies, chargé de la question de la violence contre les femmes, en faveur d’un instrument universel juridiquement contraignant au niveau des Nations unies.

Combien faudra-t-il de preuves et de rapports supplémentaires démontrant le lien entre les formes précaires de l’emploi et le harcèlement sexuel au travail avant que soit respecté le droit fondamental à un lieu de travail sûr ? Combien de nouvelles études seront-elles nécessaires pour documenter l’ampleur des souffrances et des pertes encourues par la société en raison des violences sexistes ? Combien de nouveaux rapports faudra-t-il sur les violences à l’égard des femmes et des filles lors des conflits armés pour persuader les gouvernements d’assumer leurs responsabilités et protéger les femmes et les filles de ces atrocités ?women%20image%20-f
A l’occasion de la Journée internationale des femmes 2015, les affiliées de l’UITA de la région Asie/Pacifique se mobiliseront sous la bannière « Les femmes pour la paix » pour dénoncer le militarisme résurgent dans la région et la militarisation de la sphère politique qui menace la démocratie et sape encore plus la position des femmes et leur lutte pour l’égalité.

Une résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU en octobre 2000 relevait que les femmes et les filles sont de plus en plus souvent ciblées lors des conflits armés. La résolution soulignait « le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix » et l’importance du fait « qu’elles soient pleinement associées  aux décisions prises en vue de la prévention et du règlement des différends ». Quinze ans plus tard, le recours stratégique à la violence contre les femmes n’a fait qu’augmenter, en même temps qu’une majorité de femmes n’ont aucun mot à dire sur les mesures de prévention des conflits.

Les violences liées au genre sont toujours considérées comme appartenant à la sphère privée, faisant en sorte que peu de, ou aucune, ressources ne soient consacrées à les faire cesser et à faire participer les femmes à des processus décisionnaires fondamentaux. Des décennies de dispositifs juridiques non contraignants et « d’initiatives volontaires » ont échoué à concrétiser ce que le Rapporteur spécial a qualifié de « réponses appropriées et de reddition de comptes pour les actes de violence à l’égard des femmes, reconnus comme une violation répandue et systématiques des droits humains ». Cette situation prévaudra tant que les gouvernements échoueront à s’attaquer aux causes profondes de la discrimination sexiste et à appliquer des lois, des politiques et des programmes qui encouragent véritablement l’égalité entre les genres.

Les syndicats ont un rôle fondamental à jouer pour s’assurer que la lutte pour les droits humains, la dignité et la sécurité des femmes se poursuive, aux niveaux national et international. Il n’existe toujours aucune norme de l’OIT qui traite spécifiquement des violences sexistes sur le lieu de travail. Le conseil d’administration de l’OIT a par eux fois repoussé la demande du Groupe des travailleurs d’inscrire la violence sexiste à l’ordre du jour de l’OIT concernant le processus d’élaboration de normes.

Cette année, tout en continuant à faire en sorte que la violence à l’égard des femmes figure à l’ordre du jour des négociations collectives et en continuant à lutter contre toutes les formes de discrimination sexistes, nous devons organiser de façon à nous assurer que l’appel en faveur de l’égalité soit enfin entendu et traduit en normes internationales, en commençant par l’OIT.