L’UITA condamne l’attentat d’Ankara, une attaque barbare contre le mouvement syndical, la paix et la démocratie.

L’explosion simultanée de deux bombes, quelques minutes après le départ du cortège d’une manifestation pour « le mouvement syndical, la paix et la démocratie » à Ankara, Turquie, le samedi 10 octobre, a fait, au moment de la rédaction, plus de 95 morts et plusieurs centaines de blessés. Deux organisations syndicales, DISK et le syndicat de la fonction publique KESK, faisaient partie des organisateurs de la manifestation, à laquelle participaient également des organisations professionnelles de médecins et d’architectes. Les deux organisations syndicales ont appelé à une grève de deux jours, pour condamner ces attentats et permettre d’assister aux funérailles. L’UITA compatit à la peine des familles, des collègues et des amis des victimes.

Les violences et la criminalisation de l’opposition démocratique se sont intensifiées en Turquie depuis que la percée électorale du Parti de la démocratie des peuples (HDP) semble avoir contrecarré le projet du président Erdogan d’établir un exécutif autoritaire. L’attentat du 10 octobre marque une nouvelle escalade, plus dangereuse encore.

Le succès électoral du HDP n’a pas seulement ruiné les tentatives faites par l’AKP pour accroître sa mainmise institutionnelle sur le pouvoir ; le HDP représente une alternative démocratique, avec une large base électorale, face aux discours et méthodes fondamentalistes de l’AKP et ses alliés et de ce fait, constitue un défi de taille pour l’ensemble du système en place.

Des attentats à la bombe et des épisodes de violence collective ont émaillé la campagne électorale, tandis qu’Erdogan qualifiait ses opposants de « terroristes, marginaux, homosexuels et athées ». Aucune poursuite n’a été engagée pour ces faits. La rhétorique agressive, la répression de l’opposition démocratique et les atteintes aux libertés civiles se sont multipliées depuis les élections, pour préparer le terrain des élections législatives anticipées de novembre prochain. Le double attentat d’Ankara a eu une longue période d’incubation.

Le gouvernement a condamné cet attentat et promis une enquête, dans le cadre de sa « guerre au terrorisme », un stratagème qui a neutralisé les critiques des gouvernements occidentaux concernant ses méthodes violentes et autoritaires. Il ne faut pas en attendre grand-chose. Lors des préparations de la manifestation, la protection normalement assurée par la police faisait singulièrement défaut. A la suite des explosions, les témoins ont confirmé que les forces de police ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour empêcher que les blessés et les mourants reçoivent les premiers soins.

L’UITA exprime sa solidarité et son soutien sans réserve à ses camarades en Turquie. A l’heure actuelle, les organisations syndicales du monde entier doivent faire en sorte que toutes les pressions internationales possibles soient exercées sur le gouvernement turc pour s’assurer qu’il garantisse la sécurité de ses citoyens et le respect des droits démocratiques fondamentaux.