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Glyphosate : l’Agence européenne des produits chimiques capitule devant le lobby agrochimique

22.03.17 Urgent Action
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Dans l’avis rendu le 15 mars, qui déroge au principe de précaution, aux preuves scientifiques et à l’engagement présumé de l’Union européenne envers la santé publique, la protection des travailleurs/euses et la défense de l’environnement, le Comité d’évaluation des risques de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a estimé que l’herbicide toxique glyphosate, le principe actif du désherbant Roundup de Monsanto, ne devrait pas être classé comme cancérogène. L’ECHA a six mois pour rendre un rapport justifiant cet avis et qui permettra à la Commission européenne de relancer la procédure de l’éventuel renouvellement de la licence du glyphosate dans l’UE pour une période prolongée.

Tout comme la recommandation émise par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a suivi le rapport de mars 2015 du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classifiant le glyphosate comme « cancérogène probable pour les humains », le Comité d’évaluation des risques s’est largement inspiré d’études, souvent non rendues publiques, fournies par l’industrie des pesticides. Des preuves solides de la toxicité du glyphosate soumises par des chercheurs indépendants ont été négligées dans une approche privilégiant le poids de la preuve, qui donne la priorité à l’évaluation des « risques » et non à l’élimination des dangers. L’ECHA a émis son avis deux jours après qu’une Cour fédérale américaine ait rendu publics des documents internes (en anglais; partiel en français ici) de Monsanto exposant ses efforts constants pour produire des études favorables au glyphosate et empêcher des évaluations indépendantes de la part des organismes gouvernementaux de réglementation. La Cour a déclassifié ces documents, qui révèlent l’ampleur de la collusion entre Monsanto et l’Agence américaine de protection de l’environnement, dans le cadre d’une action collective portée par plusieurs centaines de travailleurs/euses agricoles touchés/es par un lymphome non hodgkinien, un cancer du sang.

La Commission européenne doit prendre une décision finale avant la fin 2017. Le renouvellement de l’autorisation du glyphosate sera à nouveau soumis au vote des États membres au sein du Comité permanent sur les végétaux, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux. En l’absence d'une majorité qualifiée, la Commission européenne sera habilitée à prendre seule une décision.

En Europe, la lutte contre le glyphosate, et la lutte plus vaste pour libérer le système alimentaire de sa dépendance aux pesticides toxiques et à des méthodes de production destructives, en est revenu à son point de départ d’il y a un an. Les autorités européennes ont une nouvelle fois démontré à quel point elles sont inféodées à une industrie qu’elles sont censées réglementer, tandis que de nouvelles preuves de la toxicité du glyphosate ne cessent de s’accumuler. Il est plus que jamais nécessaire que l’opinion publique exerce des pressions pour sortir notre système alimentaire de l’engrenage des pesticides.

Stopglyphosate

CLIQUEZ ICI pour signer l’Initiative Citoyenne Européenne demandant à la Commission européenne de proposer aux États membres une interdiction du glyphosate, de réformer la procédure d’approbation des pesticides et de fixer à l’échelle de l’UE des objectifs obligatoires de réduction de l’utilisation des pesticides. Vous devez être citoyen de l’Union européenne pour pouvoir signer.