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Les organisations syndicales internationales lancent un appel à l’action contre les abus face aux droits syndicaux en Corée

24.10.10 Urgent Action
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Lorsque la Corée a adhéré à l’OCDE en 1996, l’une des conditions portait sur la réforme de ses lois sur les relations de travail pour les rendre conformes aux normes de l’OIT. Non seulement il n’y a eu aucune réforme, mais la situation s’est détériorée de façon marquée.
À l’approche de la réunion du G20* qui doit se tenir les 11 et 12 novembre à Séoul, en Corée du Sud, les organisations syndicales internationales appellent à des pressions sur le gouvernement coréen pour l’amener à aligner ses lois du travail et son régime d’emploi répressifs sur les normes internationales et sur ses propres engagements.

L’OIT a plusieurs fois appelé le gouvernement de la Corée du Sud à modifier sa législation du travail, qui criminalise l’activité syndicale légitime, empêche un grand nombre de travailleurs/euses du secteur public d’adhérer à un syndicat ou de négocier de façon collective et favorise le recours massif à l’emploi précaire afin de nier efficacement aux travailleurs/euses l’exercice de leurs droits collectifs.

Malgré l’engagement pris en 1996, le gouvernement coréen actuel et ceux qui l’ont précédé ont refusé de ratifier la Convention 87 sur la liberté syndicale et la Convention 98 sur la négociation collective.

L’article 314 du Code pénal sur « l’obstruction aux affaires » est utilisé sur une base routinière pour arrêter et emprisonner les leaders et les membres des syndicats et imposer des amendes totalisant des millions de dollars afin d’asphyxier l’activité syndicale. Plus de 30 syndicalistes ont été emprisonnés/es au cours des 18 derniers mois.

Une définition lâche des « services essentiels » permet au gouvernement de refuser à un grand nombre d’employés/es du secteur public le droit d’adhérer à un syndicat. Les syndicats de la fonction publique, de l’enseignement , de la construction et des transports se voient ainsi refuser le droit de représenter plus de 250 000 travailleurs/euses.

La sous-traitance, le travail à contrat et les autres formes de travail précaire font l’objet d’une promotion vigoureuse afin de nier à des catégories entières de travailleurs/euses le droit à la représentation syndicale. Environ 50 % de toutes les personnes qui travaillent en Corée aujourd’hui n’ont pas de contrat d’emploi direct permanent, à durée indéterminée. Le syndicat des métallurgistes coréens KCTU a recensé des entreprises utilisant jusqu’à cent fournisseurs de main-d’œuvre dans une même usine – toujours dans le but d’empêcher les travailleurs/euses d’adhérer à un syndicat et de négocier avec le véritable employeur.

Lorsque la crise a affecté la production chez Ssangyong Motors, la direction a répondu aux demandes syndicales d’instaurer le travail partagé en congédiant unilatéralement les travailleurs/euses d’agence. Pendant la grève (mai-août 2010), la police antiémeute a de façon répétée usé de violence envers les travailleurs/euses, y compris par le recours à des armes à électrochocs.

Dans une importante décision rendue l’année dernière, le Comité de la liberté syndicale de l’OIT a appelé le gouvernement de la Corée à mettre fin à l’utilisation abusive des contrats de travail précaires pour refuser aux travailleurs/euses l’exercice de leurs droits.

La seule réforme du droit du travail est un projet de loi visant à prolonger la période actuelle de deux ans après laquelle l’employeur doit offrir la permanence aux travailleurs/euses contractuels – pour la porter à quatre ans!  Sungjong Lee, directeur des politiques pour l’affiliée de l’UITA KFSU (Korean Federation of Private Service Workers' Unions), dénonce le projet de loi parce qu’il sera utilisé par les employeurs pour échapper à leur obligation de régularisation envers les travailleurs/euses à statut précaire : la plupart des employeurs, affirme Lee, remplaceront tout simplement les travailleurs/euses à statut précaire à l’approche de la date de conversion par de nouveaux employés à statut précaire.

De nouveaux projets de loi élargiraient aussi la gamme des emplois pouvant être comblés par des employés/es d’agences an ajoutant 17 nouvelles classifications aux 32 existantes (selon les « besoins du marché »). Selon Nambee Park, présidente du syndicat féminin affilié à l’UITA Korean Women's Trade Union, ceci a déjà encouragé la conversion au travail d’agence de plusieurs travailleuses occupant des emplois directs, avec les conséquences qui s’ensuivent en matière de perte de sécurité, de salaire et d’avantages sociaux. Si les dernières restrictions au travail d’agence sont levées, dit Park, il en résultera une nouvelle expansion du travail à faible salaire, de l’insécurité et de la discrimination fondée sur le sexe.

Les fédérations syndicales internationales, la CSI et la CSC demandent ensemble que des pressions soient faites sur les gouvernements du G20 pour faire en sorte que le besoin urgent de réforme du droit du travail soit mis en l’avant lors de la rencontre du G20. Une note d’information, des modèles de lettre et une brochure sont mis à la disposition des organisations syndicales sur le site Web de la Fédération syndicale internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM). Les documents sont disponibles en allemand, en anglais, en espagnol, en français et en russe.

Il n’est cependant pas nécessaire d’habiter un pays du G20 pour agir et soutenir nos camarades coréens! Les syndicats de partout peuvent utiliser ce matériel de campagne pour appeler leurs gouvernements à faire pression sur le gouvernement de la Corée, organiser des actions et des manifestations devant les missions diplomatiques sud-coréennes et informer leurs membres et le public de la situation actuelle – et de l’urgent besoin de changement.

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*Le groupe des 20 ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales comprend l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Russie, le Royaume-Uni, la Turquie et l’Union européenne.