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Escalade de l’offensive du gouvernement algérien contre les syndicats indépendants

25.06.18 News
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Le gouvernement algérien intensifie son offensive contre les droits des travailleurs-euses et les syndicats indépendants à la suite d’un rapport critique de la Commission de l’application des normes de l’OIT présenté à la Conférence internationale du travail (CIT) de cette année. Les syndicats indépendants sont confrontés à une nouvelle vague de répression et leurs responsables ont fait l’objet d’attaques personnelles brutales de la part du ministre du Travail, qui a également menacé de retirer l’Algérie de l’OIT.

L’an dernier, la commission avait recommandé l’envoi d’une mission de contacts directs de l’OIT en Algérie pour enquêter sur la situation des syndicats indépendants dans le contexte d’une longue histoire de violations par le gouvernement de la convention 87 sur la liberté syndicale. Cette mission a du être annulée en février dernier après que le gouvernement algérien ait refusé d’inclure des réunions avec les syndicats indépendants dans le cadre de cette mission. Dans son rapport à la CIT de cette année, la « commission s’est dite préoccupée que persistent les restrictions imposées au droit des travailleurs de s’affilier à des organisations, fédérations et confédérations syndicales de leur choix et d’en constituer » et a « invité instamment le gouvernement à accepter sans délai et sans restriction, avant la prochaine session de la commission d’experts, une mission de haut niveau de l’OIT ».

AlgeriaFRA_0S’exprimant lors d’une conférence de presse du gouvernement le 12 juin, le ministre du Travail a nommément accusé Rachid Maalaoui, président du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) et Raouf Mellal, président du Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz (SNATEG) d’être à l’origine d’une campagne de l’OIT contre la souveraineté de l’Algérie et de visées contre la « stabilité » du pays. Mellal, qui a déjà été condamné à une peine de 18 mois de prison et à des amendes punitives pour avoir dénoncé la corruption et pris la défense d’une victime de harcèlement sexuel, est aujourd’hui confronté à de nouvelles poursuites basées sur des accusations forgées de toutes pièces. Le gouvernement a tenté à plusieurs reprises de dissoudre illégalement le SNATEG, tandis que la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA), attend d’être formellement reconnue depuis 2013 alors que la procédure légale ne doit prendre que 30 jours au plus. Des centaines de membres, de responsables et de militant-e-s syndicaux-ales ont été licencié-e-s, des bureaux syndicaux ont été fermés et les manifestations syndicales sont brutalement réprimées par la police.

Le SNAPAP et le SNATEG sont des organisations syndicales affiliées à l’UITA.