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Procès historique en Californie : le jury déclare Monsanto coupable d’avoir dissimulé les risques liés au glyphosate

22.08.18 News
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Le jury du procès Dewayne Johnson contre Monsanto a déclaré l’entreprise coupable d’avoir dissimulé les dangers du glyphosate, l’herbicide le plus répandu dans le monde, et a accordé au jardinier en phase terminale des dommages-intérêts s’élevant à un total de 289 millions de dollars.

Le verdict historique rendu le 10 août par le jury de San Francisco, en Californie, pèsera lourdement sur les plus de 4 000 affaires similaires en cours aux États-Unis, alléguant un lien entre le glyphosate et le lymphome non hodgkinien, un cancer du sang.

Sans surprise, la société Monsanto a annoncé qu’elle allait faire appel. Avant son rachat par Bayer, l’entreprise réservait 258 millions de dollars pour les litiges ; Bayer disposait d’un fonds de 447 millions de dollars.

Compte tenu du grand nombre de documents internes rendus publics pour la première fois dans le cadre du procès, le jury a estimé que Monsanto connaissait les risques sanitaires potentiels associés à l’exposition au glyphosate mais a agi avec « malveillance » en omettant d’informer le public. Ces documents internes attestent des efforts de longue haleine déployés par Monsanto pour discréditer des chercheur-e-s indépendant-e-s, contrôler les organismes de réglementation et à faire réduire les financements du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’OMS.

Le vice-président de Monsanto, Scott Partridge, a dénoncé le verdict et a accusé le CIRC d’être « corrompu » parce qu’il ne fait « pas d’essais, pas d’analyses et n’a pas de laboratoires » — un mode de fonctionnement similaire à celui des organismes de réglementation, qui s’appuient sur la recherche financée par l’industrie, et que Monsanto a cherché à influencer sans relâche pendant des décennies. En novembre 2015, l’Agence européenne de sécurité alimentaire a donné au glyphosate une recommandation positive de réautorisation, et a même proposé d’augmenter les niveaux d’exposition admissibles, sur la base d’informations qu’elle a refusé de divulguer.

« Je n’aurais jamais pulvérisé ce produit sur les terrains scolaires ou autour des gens si j’avais su que cela leur causerait du tort », a déclaré Johnson dans son témoignage au procès. « C’est immoral. C’est mal. »