Home

Coca-Cola Indonésie exploite les mesures de confinement liées au COVID-19 pour imposer une convention collective conclue en secret, sapant les droits et les avantages sociaux de 6000 travailleurs-euses

04.06.20 News
Version imprimable

Alors que les mesures de confinement entraient en vigueur fin mars en Indonésie, la direction de Coca-Cola a signé en secret une nouvelle convention collective nationale avec la structure syndicale nationale pro-patronale créée il y a des décennies sous la dictature militaire de Suharto dans le but de priver les travailleurs-euses de leurs droits. Cet accord impose des nouvelles conditions à plus de 6000 travailleurs-euses de Coca-Cola, sans qu’aucun-e d’entre eux-elles n’aient pu obtenir une copie de l’accord pour en prendre connaissance.

Utilisant le prétexte de la distanciation physique appliquée durant la pandémie du COVID-10 pour ne pas organiser de réunions permettant d’informer les travailleurs-euses sur cette nouvelle convention collective, la direction a fait en sorte qu’ils et elles soient informé-e-s par leurs superviseurs (un processus connu sous le nom de « socialisation » en Indonésie). Une vidéo et un document PowerPoint sur les points saillants de l’accord leur ont été présentés, et ils-elles ont ensuite été invité-e-s à signer un document indiquant leur acceptation de l'accord. Les travailleurs-euses n'ont pas pu obtenir une copie papier ou électronique de l'accord lui-même, mais seulement une copie des points saillants de la présentation PowerPoint.

Pendant que la pandémie du COVID-19 progressait en avril et mai et que les mesures de confinement étaient renforcées dans plusieurs villes, la direction a continué à  recueillir les signatures des travailleurs-euses pour leur approbation légale du nouvel accord. Coca-Cola Indonésie – qui appartient en totalité à Coca-Cola Amatil basé en Australie – refuse systématiquement de négocier de véritables conventions collectives sur le lieu de travail avec les syndicats indépendants et a licencié plusieurs de leurs dirigeants. Même après que le ministère du Travail ait réaffirmé le statut de ces dirigeants syndicaux licenciés en tant que représentants syndicaux élus ayant le droit de représenter leurs membres, la direction de Coca-Cola a refusé de répondre à leurs demandes de discuter des mesures de sécurité face au COVID-19 sur les lieux de travail.

Les conséquences de ce dernier accord secret n’apparaissent que maintenant. La subvention pour les déplacements – une indemnité forfaitaire indexée sur le coût de la vie en Indonésie – a soudainement été réduite de 76 pour cent, malgré le rôle crucial que joue les transports pour les trajets de et vers les usines de Coca-Cola durant la pandémie du COVID-19. La direction a annoncé que cette mesure avait été mise en œuvre conformément à l'accord national. Les travailleurs-euses craignent que d'autres réductions suivront. Comme la direction a déjà obligé les travailleurs-euses à accepter légalement un accord qu'ils-elles n'ont pas vu, Coca-Cola peut continuer à réduire arbitrairement les avantages sociaux et à bafouer les droits au nom de cet accord conclu en catimini.