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Encore des promesses brisées par Kraft – en Espagne cette fois

21.04.11 News
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Quelques 160 travailleurs/euses espagnols/les fabriquant des produits de marque Kraft risquent de se joindre à la foule croissante des anciens/nnes travailleurs/euses sans emploi de Kraft.

En 2008, Kraft a annoncé la fermeture de l’usine El Caserío de Mahón, sur l’île de Minorque (Espagne), une fermeture qui, selon le syndicat espagnol des travailleurs/euses de l’alimentation affilié à l’UITA Agroalimentaria CC.OO conduirait non seulement à une perte d’emploi pour les 163 travailleurs/euses de l’usine, avec des conséquences économiques et environnementales pour toute l’île de Minorque. D’un autre côté, la vente de l’usine et le maintien de la production permettraient de préserver les emplois et le gagne-pain de quelques 300 familles, des fermes laitières ainsi que des emplois et les traditions en milieu rural.

Mais Kraft continue d’affirmer qu’aucun acheteur viable n’a pu être trouvé. L’option de fermer l’usine a toutefois perdu de son attrait, le gouvernement ayant informé la direction que les conditions qui permettraient d’approuver les procédures de licenciement pour les travailleurs/euses de Mahón n’avaient pas été satisfaites.

Après une campagne vigoureuse menée par le syndicat et appuyée par le gouvernement et la société civile (incluant les producteurs laitiers, ci-dessus), Kraft a finalement trouvé un acheteur : le groupe Nueva Rumesa, un conglomérat familial avec des avoirs dans les secteurs de l’alimentation, des boissons, de la vente au détail et de l’hôtellerie, et qui a selon Kraft présenté un plan d’affaires viable.

Le transfert de propriété a pris effet le 1er juillet 2009. Le même jour, un accord de co-fabrication d’une durée de trois ans négocié entre Kraft et le nouveau propriétaire, Quesería Menorquina-Nueva Rumasa, est entré en vigueur.

Par cette opération, Kraft évite de verser des indemnités de cessation d’emploi à ses travailleurs/euses tout en s’assurant de conserver les revenus de la vente de ses produits de marque.

Il semble maintenant que Kraft ait fait preuve de grossière négligence dans le processus de diligence raisonnable entourant la recherche d’un acheteur ou que la société ait été grossièrement malhonnête envers ses travailleurs/euses et les gens de Minorque, puisque Nueva Rumasa est maintenant insolvable et fait l’objet d'une enquête pour fraude.

Voir UGT et CC.OO font campagne ensemble pour les droits de leurs membres dans une société alimentaire en faillite (disponible en anglais et espagnol uniquement)

Moins d’un an après le transfert de la société, des difficultés ont commencé à apparaître, avec des délais dans le versement des salaires et des paiements aux fournisseurs. En janvier 2011, des retards dans les paiements atteignant parfois jusqu’à deux mois avaient commencé à s’accumuler dans les sociétés du groupe. À la mi-mars, le personnel de Quesería Menorquina a eu des « vacances » d’une semaine, les fournisseurs ayant interrompu les livraisons de matières premières. Nueva Rumasa a demandé la permission de placer ses activités minorquines sous la protection de la loi sur les faillites, mais le tribunal a pris en charge l’administration de la société le 5 avril.

Nueva Rumasa a clairement démontré qu’elle n’avait jamais eu de plan d’affaires viable pour Quesería Menorquina. L’usine ne peut être exploitée parce qu’elle n’a pas de matières premières. Les travailleurs/euses ne sont pas payés/es et le risque de perdre leur emploi et la protection sociale dont ils/elles disposent est très élevé.

Où est Kraft dans toute cette histoire? Kraft Foods a aggravé la situation déjà précaire de l’usine et de ses travailleurs/euses en suspendant toutes les nouvelles commandes, alléguant que Nueva Rumasa ne s’était pas conformée aux dispositions de l’entente de cofabrication. Environ 40 % de la production de l’usine est réservée à Kraft Foods.

L’UITA joint sa voix à celle du syndicat des travailleurs/euses de l’alimentation d’Espagne, Agroalimentaria CC.OO, pour demander à Kraft Foods de répondre à certaines questions difficiles à propos de son propre défaut de respecter des engagements pris. Kraft ignorait-elle réellement les doutes qui circulaient déjà depuis des mois dans les cercles financiers espagnols à propos de la solvabilité de Nueva Rumasa? N’est-ce pas plutôt que Kraft s’en fiche et a plutôt faussement dit à ses employés/es, à la collectivité de Mahón et aux autorités gouvernementales que l’acheteur de l’usine historique El Caserio avait un plan d’affaires viable?

Encore une fois, Kraft semble appliquer les tactiques douteuses déjà utilisées dans le cas de l’usine Cadbury de Somerdale au Royaume-Uni, dont la fermeture était prévue avant l’intervention de Kraft. En insinuant qu’elle serait en mesure de garder l’usine ouverte, Kraft a soulevé les espoirs et les attentes – et réussi à faire approuver le rachat. La transaction était cependant à peine conclue que Kraft « admettait » ne pas disposer de toute l’information, que l’usine en cours de construction en Pologne pour recevoir la production était presque terminée et qu’il n’était donc pas question de revenir en arrière.

En Afrique du Sud, où Kraft a obtenu les autorisations réglementaires pour l’acquisition de Cadbury en affirmant que la transaction n’entraînerait pas de pertes d’emplois importantes, la société prévoir abolir jusqu’à 400 postes à l’usine Cadbury de Port Elizabeth.

Les travailleurs/euses espagnols/les se joignent maintenant à leurs camarades d’Afrique du Sud et du Royaume-Uni pour exiger qu’Irene Rosenfeld respecte et protège leurs droits. Agroalimentaria CC.OO et l’UITA exigeront une rencontre afin de discuter de l’avenir de l’usine et de ses travailleurs/euses.