Publié : 08/09/2020

L'usine AB InBev de Jupille, près de Liège, l'un des principaux sites de production en Belgique, est fermée depuis le 3 septembre en raison d'une épidémie de coronavirus. Neuf employés ont été testés positifs au coronavirus la semaine dernière et l'un d'entre eux est maintenant hospitalisé dans un état critique.

L'infection a été découverte dans le département logistique-transport du site, qui emploie une centaine de personnes sur un effectif total de 750 personnes. Aucune infection n'a été identifiée dans le département de production de la bière.

La direction a été lente à réagir

La FGTB, affiliée à l'UITA, accuse le département des ressources humaines de l'entreprise d'avoir été lent à réagir, après la détection des premiers cas la semaine dernière. Patrick Rehan, de la FGTB, a déclaré : "Il y a des gens qui ont pris les cas de COVID-19 à la légère. Nous ne voulons plus de ce genre de personnes à la tête des ressources humaines (RH) ou au poste de sécurité. Cela a duré trop longtemps. Des personnes étaient en danger. Un collègue était dans le coma. Les gens sont très en colère".

"L'usine est à l'arrêt, et nous ne redémarrerons pas tant que nous n'aurons pas de réponses à nos revendications. Nous voulons des personnes compétentes en matière de RH, qui puissent assurer la sécurité des travailleurs", a déclaré Rehan.

Deux premiers cas positifs ont été détectés la dernière semaine d'août et le chiffre est passé à neuf la semaine dernière. Ces cas positifs représentent près de 10% des travailleurs du département logistique. Les travailleurs concernés ont été mis en quarantaine et un traçage a été mis en place pour vérifier avec qui ils étaient en contact. Les autres membres du département ont également été examinés et, apparemment, tous les tests se sont révélés négatifs.

Les syndicats attendent des mesures concrètes et efficaces

Les syndicats de l'usine ont rencontré la direction le 4 septembre. Ils ont demandé des mesures concrètes et efficaces. Georges Requena, de l'ACV-CSC affiliée à l'UITA : "Nous sommes confrontés à 9 cas de COVID-19 parmi notre personnel. Y a-t-il eu des manquements ? Aurions-nous pu faire mieux ? En attendant, il est important de prendre des mesures concrètes et réellement efficaces. Tout d'abord, nous avons demandé un dépistage général du personnel logistique et, probablement, par mesure de sécurité, il serait peut-être utile et judicieux d'étendre le dépistage à l'ensemble du personnel, car d'autres départements auraient pu être infectés".

Patrick Rehan a ajouté : "Nous savons que des personnes ont travaillé avec certains des logisticiens. Il y a un gros risque, les gens se croisent dans les vestiaires. La maintenance passe dans tous les services. Oui, nous avons de vraies craintes ".

Depuis le jeudi 3 septembre dernier, les travailleurs sont en grève pour réclamer des conditions de travail saines et le départ des responsables qui n'ont pas su gérer la situation. Les collègues des centres de distribution de Jumet et d'Anderlecht ont également quitté leur travail en solidarité avec les travailleurs de Jupille. Si aucun accord n'est trouvé, d'autres travailleurs d'AB InBev se joindront à cette action. Dans les prochains jours, le mouvement pourrait donc prendre de l'ampleur.

Entre-temps, l'entreprise tente de briser la grève en recourant aux huissiers, en faisant appel à des travailleurs externes et en faisant pression sur les grévistes et en les intimidant. Mais les travailleurs de Jupille ne cesseront pas de revendiquer leur droit à des conditions de travail sûres et, si nécessaire, élargiront ce conflit, sur le plan politique, juridique et international.