Quatre cas confirmés de grippe aviaire (H5N1) chez des travailleurs et travailleuses du secteur des produits laitiers aux États-Unis ne représentent probablement qu'une fraction du nombre réel de travailleurs-euses infecté-e-s, car les symptômes sont bénins et la main-d'œuvre est composée en grande partie de travailleurs-euses migrant-e-s vulnérables qui hésitent à déclarer leur maladie. Le 15 juillet, le département de la santé et de l'environnement du Colorado a signalé que cinq travailleurs-euses du secteur de la volaille avaient été infecté-e-s par la grippe aviaire dans une installation où ils-elles abattaient des poulets infectés. Les maladies cliniques signalées à la suite d'une infection par le virus H5N1 ont touché 900 personnes dans 23 pays et vont de la maladie bénigne (conjonctivite et symptômes des voies respiratoires supérieures) à la maladie grave ou critique (pneumonie, défaillance de plusieurs organes et septicémie) et à la mort. Le risque pour la population humaine est actuellement faible, mais si le virus mute pour se transmettre entre les humains, le monde pourrait être confronté à une nouvelle crise de santé publique.
Ces événements, qui font suite à la pandémie de COVID-19, donnent l'impulsion nécessaire à l'élaboration de nouvelles normes internationales sur les risques biologiques dans l'environnement de travail. Les discussions ont débuté lors de la Conférence internationale du travail (CIT) qui s'est tenue à Genève en juin 2024. L'objectif est de continuer à améliorer les normes internationales du travail depuis que l'accès à un environnement de travail sûr et sain a été élevé par l'OIT au rang de principe fondamental et de droit au travail en 2022.
Au cours de deux semaines de négociations difficiles, le groupe des travailleurs-euses a pris un bon départ en s'associant à la plupart des gouvernements pour surmonter les objections des employeurs à une convention de l'OIT sur les risques biologiques, obtenant des engagements en faveur d'une convention étayée par une recommandation. Les négociations tripartites s'achèveront lors de la Conférence internationale du travail de 2025, avec l'adoption attendue de la convention.
Les discussions de cette année sur le contenu d'une convention ont bien progressé et ont porté notamment sur les points suivants :
- Un champ d'application large pour inclure non seulement les infections mais aussi les empoisonnements tels que la maladie du tabac vert et les maladies non transmissibles telles que l'asthme professionnel
- Une définition large de la santé qui inclut la santé physique et mentale et le bien-être général des travailleurs-euses
- La politique nationale devra tenir compte des incidences de l'environnement et du climat sur les risques au travail
- Protection contre le licenciement en cas de respect des exigences de santé publique qui affectent la capacité de travailler
- Ressources et soutien adéquats pour l'inspection du travail en matière de risques biologiques
- Reconnaissance des impacts différents des risques biologiques sur les femmes et les hommes et des réponses qui en découlent
- L'exigence d'une approche de précaution de la part des gouvernements et des employeurs lorsque les informations sont insuffisantes pour déterminer correctement les risques
Sur la base des discussions de la Conférence internationale du travail, l'OIT enverra, en septembre, un questionnaire aux gouvernements, aux employeurs et aux travailleurs-euses, dont les réponses seront attendues en novembre. Le Secrétariat de l'UITA coordonnera les activités préparatoires à la discussion de la CIT en 2025 et fournira des conseils aux affiliées sur le questionnaire. Les syndicats devraient demander aux gouvernements et à leurs organisations et fédérations nationales de répondre positivement aux progrès réalisés et d'exiger l'adoption d'une convention globale et d'une recommandation directrice en 2025.
Cliquez ci-dessous pour lire la résolution 2024 de la CIT et les conclusions proposées :
James Ritchie, porte-parole du groupe des travailleurs-euses et ancien secrétaire général adjoint de l'UITA, a déclaré : « Alors que des progrès significatifs pour obtenir une convention soutenue par une recommandation ont été réalisés lors de la Conférence internationale du travail de 2024, les syndicats doivent maintenir la pression sur les gouvernements et les employeurs pour défendre les acquis et garantir qu'une convention globale s'appliquera à tous les travailleurs et travailleuses, indépendamment de leur secteur et de leur statut d'emploi. »