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Sécurité alimentaire et programme pour le Royaume-Uni : le délire libre-échangiste des Conservateurs

20.02.20 News
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La déréglementation post-Brexit que prépare le gouvernement conservateur de Boris Johnson menace sérieusement les normes britanniques de sécurité alimentaire.

Dans un discours prononcé le 3, février, quelques jours seulement après que le Royaume-Uni a quitté l’UE, le Premier ministre Boris Johnson a déclaré : « Il y a d’autres sujets sur lesquels j’ai l’impression qu’on raconte tout et n’importe quoi, on dit que la nourriture en provenance des États-Unis serait de moins bonne qualité ; je regarde les Américains, je les trouve plutôt bien nourris. Et je n’entends pas ces critiques de la gastronomie américaine s’en plaindre lorsqu’ils rentrent des États-Unis… Il faut arrêter la paranoïa. »
Le mépris crasse du Premier ministre pour les faits rappelle l’affirmation, désormais oubliée, selon laquelle la sortie de l’UE permettrait d’investir jusqu’à 350 millions de livres sterling par semaine dans le service national de santé (NHS).

Il a été nécessaire de lutter constamment pour défendre les normes de sécurité alimentaire dans l’UE face aux pressions des industriels. Les normes de sécurité alimentaire de l’UE et des États-Unis sont radicalement différentes, car elles sont fondées sur des principes opposés. Aux États-Unis, les aliments sont présumés consommables jusqu’à preuve du contraire. En Europe, la réglementation est fondée sur le principe de précaution : avant de mettre un produit sur le marché, le fabricant doit démontrer qu’il est sûr. Cette approche sauve des vies.

Selon les chiffres du gouvernement américain, aux États-Unis, les salmonelles — qui provoquent des intoxications alimentaires — sont chaque année à l’origine d’environ 1,35 million d’infections, 26 500 hospitalisations et 420 décès, sur une population de 327 millions d’habitants. En 2019, sur la base des données de 2016, les autorités européennes ont enregistré quelque 95 000 cas confirmés en laboratoire, dont 134 mortels, sur une population de 512 millions d’habitants, Royaume-Uni inclus.

Selon le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies, chaque année, un Américain sur six contracte une maladie d’origine alimentaire, et 3000 en meurent. Les chiffres de l’UE sont nettement inférieurs.
La politique alimentaire du Royaume-Uni, à en croire Boris Johnson, sera « régie par la science, et non par le charlatanisme ». Il a également appelé à « libérer » le Royaume-Uni de la réglementation encadrant la technologie de modification génétique.

Un accord commercial avec les États-Unis signé par les Conservateurs ferait sauter les barrières réglementaires imposées aux importations américaines de denrées alimentaires bon marché et subventionnées, notamment les céréales et autres aliments génétiquement modifiés, et remplacerait les normes de sécurité alimentaire de l’UE par de nouvelles normes beaucoup moins strictes, malgré les risques bien connus que cela entraîne pour la santé et la sécurité des travailleurs-euses et des consommateurs-trices comme pour l’environnement. Le poulet au chlore, le bœuf aux hormones de croissance et les céréales génétiquement modifiées, poussées à la force d’épandages massifs de pesticides brevetés, arriveront sur les rayonnages des supermarchés sans aucune exigence d’étiquetage, le tout au nom de la « science », qui masque en réalité une prise de pouvoir par les entreprises.

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L’ouvrage de l’UITA intitulé Ces accords commerciaux qui menacent la démocratie explique le lien entre sécurité alimentaire, protection des travailleurs-euses, des consommateurs-trices et de l’environnement et le programme de déréglementation promu par le régime actuel de commerce et d’investissement.