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Les droits doivent être inscrits à l’ordre du jour alors que les ministres de l’agriculture du G20 se réunissent !

24.04.20 News
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L’UITA, la fédération syndicale internationale sœur ISP, des organisations paysannes et des organisations de la société civile qui font campagne pour le droit à l’alimentation ont appelé la session extraordinaire des ministres de l’agriculture du G20, convoquée à la hâte le 21 avril, à inscrire les droits à l’ordre du jour alors qu’ils discutent des ruptures potentielles dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales dans le contexte de la crise du COVID-19.

Une déclaration conjointe transmise aux gouvernements et aux ministères du G20 souligne l’éventail plus large de questions qui doivent être prises en compte pour défendre efficacement le droit à l’alimentation et à la nutrition. "Si les gouvernements doivent travailler en étroite coordination pour se prémunir contre les ruptures d’approvisionnement alimentaire qui menacent l’accès à des ressources élémentaires en termes de nutrition, il convient de veiller à ce que ces mesures ne compromettent pas la sécurité alimentaire, la santé et les moyens de subsistance de ceux et celles qui produisent des aliments pour le monde. La fermeture des frontières et l’interdiction des marchés ont mis en évidence l’extrême fragilité d’un système alimentaire dans lequel, avant la crise du COVID-19, 820 millions de femmes et d’hommes souffraient de faim chronique et 2 milliards de personnes vivaient une situation d’insécurité alimentaire. La moitié des personnes souffrant de la faim dans le monde sont des producteurs-trices d’aliments, des paysan-ne-s et des travailleurs-euses agricoles salarié-e-s. Leur extrême vulnérabilité dans la crise actuelle résulte du déni systématique de leurs droits fondamentaux : le droit à un environnement professionnel sûr, le droit à l’eau potable, à des installations sanitaires et à un logement décent, le droit de former des syndicats et de négocier collectivement, le droit aux soins de santé et à la protection de la sécurité sociale. Ces droits doivent figurer à l’ordre du jour du G20, et pas seulement en tant que mesures de crise. Les pays les plus riches du monde dépendent, pour leur alimentation, du travail de millions de travailleurs-euses migrant-e-s. Il est inacceptable que les gouvernements, dans leurs efforts en vue de sécuriser au plus vite le flux de travailleurs-euses migrant-e-s, ne consacrent pas de ressources à la protection de leur santé, de leur sécurité et de leurs moyens de subsistance, alors même que de telles mesures sont essentielles pour limiter la propagation du virus."

Les mesures prises pour garantir les flux transfrontaliers de denrées alimentaires doivent être accompagnées de mesures pour maîtriser la spéculation sur les produits agricoles de base, met en garde la déclaration, si l’on veut éviter une répétition de la forte hausse des prix alimentaires qui a accompagné la crise financière mondiale de 2008 et qui a plongé des millions de personnes dans la faim et la pauvreté.

Les mesures de crise, précise la déclaration, ne doivent pas détourner l’attention de la nécessité urgente de commencer à reconstruire un système alimentaire qui "épuise les sols, pollue l’eau, détruit rapidement la biodiversité, aggrave la crise climatique et couve de futures pandémies. Le système alimentaire est très vulnérable aux chocs du fait de sa dépendance à l’égard des intrants externes, et en raison des longues chaînes d’approvisionnement."

Une réponse politique cohérente à la crise actuelle et au-delà doit être coordonnée par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), la plateforme des Nations unies où sont représentés les syndicats, les organisations paysannes et les organisations de la société civile. Cette réponse doit se fonder sur notre expérience collective et notre conviction que le droit universel à l’alimentation est indissociable des droits des personnes qui produisent les denrées alimentaires. 

Voir  ICI la déclaration intégrale et la liste des signataires.