Publié : 07/10/2020

Dans une interview accordée à la région Amérique latine de l'UITA, le président national de l'Union des travailleurs de l'industrie de la bière, des boissons, de l'alimentation, du malt et des produits similaires (USTIAM) a exposé les difficultés que l'organisation rencontre avec la direction colombienne du géant de la bière AB InBev (Bavière).

-Que se passe-t-il chez AB InBev Colombie ?
- "L'entreprise licencie systématiquement les travailleurs, à la fois sous la forme de licenciements purs et simples sans motif valable et en faisant pression sur les travailleurs pour qu'ils démissionnent afin de donner l'apparence de départs à la retraite "volontaires". De cette façon, elle décime le syndicat, car beaucoup de ceux qui ont été licenciés ou forcés à partir font partie de notre organisation. En outre, elle ne reconnaît pas l'USTIAM : ainsi, lorsque ces licenciements se produisent, la direction s'adresse directement aux travailleurs sans passer par leur syndicat.

-Quelles mesures avez-vous prises avant cela ?
"Les syndicats ont contacté le président d'AB InBev en Colombie en avril pour discuter des questions en suspens, y compris celles concernant la pandémie, mais à ce jour, nous n'avons reçu aucune réponse significative. Il nous a envoyé des représentants des secteurs des ressources humaines et du droit avec lesquels nous n'avons pas été en mesure d'établir un dialogue constructif et sérieux. Ils retardent la solution des problèmes des travailleurs et, à ce stade, la situation est préoccupante. Nous pensons qu'ils cherchent à attaquer le syndicat, notamment parce qu'ils ont licencié des membres du syndicat sans motif valable, entre autres violations des droits de notre syndicat."
- Depuis combien de temps cette situation dure-t-elle et combien de travailleurs ont été licenciés ?
"Depuis 2016 et jusqu'à présent cette année, il y a déjà eu plus de 40 licenciements, dont la plupart étaient des membres de notre syndicat. C'est l'une des façons d'attaquer le syndicat. L'autre est que la direction colombienne essaie de discréditer l'USTIAM par des méthodes très subtiles : Par exemple, lors de réunions, la direction accepte de se conformer autour d'une certaine question qui concerne les travailleurs, puis ne le fait pas, ce qui nous donne l'impression de tromper nos membres et de susciter la peur dans le reste de la main-d'œuvre.

- Est-ce que ça a toujours été comme ça ?
"La Bavière n'a jamais été facile, mais depuis l'arrivée d'AB InBev, la pression sur les travailleurs et le syndicat a augmenté. C'est en 2020 que la situation s'est compliquée. L'année dernière, pendant le processus de négociation collective, les travailleurs ont voté la grève, un accord a été immédiatement signé et une clause supplémentaire a été approuvée selon laquelle il n'y aurait pas de représailles contre ceux qui avaient participé au vote de grève. Cet accord a été rompu lorsque la direction a commencé à licencier des membres du syndicat cette année. Nous continuons à exiger un dialogue sérieux et respectueux".

Avez-vous déposé une plainte auprès de l'autorité du travail ?
"Oui. Entre janvier et février, nous avons averti le ministère du Travail, par le biais d'une lettre, de la violation de cette clause et, à ce jour, nous n'avons pas reçu de réponse. Ce que nous demandons, c'est qu'AB InBev ouvre un espace de dialogue sérieux et respectueux et cesse la position intransigeante qu'elle a aujourd'hui.

En outre, nous demandons que les travailleurs licenciés soient réintégrés, car il s'agit de travailleurs ayant des années de travail dans l'entreprise et un dossier impeccable, qui n'ont jamais reçu d'avertissement sur leurs performances professionnelles.

Cette politique systématique de licenciement sans motif valable de la part d'AB InBev n'est pas menée en une seule fois à grande échelle. Tous les deux mois, la direction licencie deux ou trois travailleurs syndiqués et affaiblit ainsi le syndicat.

C'estpourquoi nous demandons à la société mère de l'entreprise d'intercéder et de trouver une solution à ce problème."

Vous pouvez lire la nouvelle originale en espagnol ici.