Publié : 10/11/2023

Le lendemain du licenciement du représentant syndical élu par le syndicat Barry Callebaut Employees Union (BCEU), à Baramati, en Inde, le 6 novembre 2023, la direction nationale a proposé au syndicat de signer une convention collective, mais à une condition : que BCEU déclare que la direction n’avait commis aucune des violations des droits et aucun des abus signalés au cours des 12 mois passés. En d’autres termes, pour que les membres d’un syndicat puissent exercer leurs droits de négociation collective, le syndicat doit mentir. L’hypothèse est que le retrait de toutes les allégations (pourtant bien documentées) permettra à l’entreprise de prétendre qu’elle a toujours été en règle.

Après des mois de pression et de harcèlement et la victimisation du secrétaire général élu par le syndicat — et enfin son licenciement abusif —, le nombre de syndiqué-e-s est passé de 28 à seulement 18. Malgré cela, la transnationale souhaite toujours que ces 18 travailleurs-euses restant-e-s affirment que tout était faux. En échange, ils-elles pourront bénéficier d’une convention collective qui apportera des avantages économiques à leurs familles. Dans un monde décent, cette affaire serait considérée pour ce qu’elle est : l’intimidation de travailleurs-euses d’une communauté rurale et pauvre par un géant industriel.

Le refus de Barry Callebaut de remédier aux problèmes de droits dans son usine de Baramati et de respecter le droit fondamental de tous-tes les travailleurs-euses à la liberté d'association et à la négociation collective soulève de sérieuses questions quant à son fonctionnement en tant qu'entreprise mondiale.

  • Dès le début du litige, la direction mondiale a d’abord nié toute non-conformité, sans mener d’enquête. C’est seulement lorsque des représentant-e-s des employé-e-s de Barry Callebaut en Europe ont posé des questions que la direction de l’entreprise a finalement mené l’enquête plus loin qu’avec seulement quelques appels téléphoniques. Au cours des mois suivants, il est devenu évident que chaque réponse et chaque action de l’entreprise émanaient directement de la direction locale de l’usine de Baramati, celle-là même qui était impliquée dans les violations des droits humains.
  • Cela soulève de sérieuses questions sur la manière dont Barry Callebaut envisage le respect des règles et sur la façon dont l’entreprise traite les allégations de violation des droits. Malgré toutes ses politiques et tous ses engagements mondiaux, l’approche consiste d’abord à nier et à défendre, puis à demander aux personnes directement impliquées si elles ont vraiment agi de la sorte, en tirant suffisamment d’éléments pour justifier le refus initial.

Avec une telle approche, la diligence raisonnable en matière de droits humains ne fonctionnera tout simplement pas. Cela soulève alors des questions sur toutes les autres formes de violations des droits humains (y compris l’esclavage moderne et le travail des enfants) dont l’entreprise affirme qu’elles sont fausses ou qu’elles ont été résolues.

Pour en savoir plus, consultez le site internet de l'UITA Asie/Pacifique ici.

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